02/03/2014
Changement climatique

John Kerry plaide en faveur d'une mobilisation mondiale urgente

La
menace du changement climatique est réelle, et le coût de l’inaction
dépasse celui des investissements dans la recherche de solutions : tel a
été le message du secrétaire d’État John Kerry dans un discours
prononcé à Jakarta (Indonésie) le 16 février devant un parterre
d’étudiants, de dirigeants de la société civile et de responsables
gouvernementaux.

Pour le secrétaire d’État, le changement climatique
compromet la sécurité et la prospérité mondiales au même titre que le
terrorisme, les épidémies, la pauvreté et la prolifération des armes de
destruction massive. Son impact sur les économies des pays,
l’environnement et la vie des êtres humains s’accroît à une vitesse
alarmante, et il ne va pas s’atténuer si l’on ne prend pas de mesures
maintenant pour le combattre, a insisté le secrétaire d’État. Malgré les
avertissements des scientifiques qui se multiplient depuis plus de 25
ans, et avec eux les appels à prendre des mesures énergiques pour
contrer cette menace, les pays ne se sont pas encore mobilisés avec
l’urgence nécessaire. "La science est sans équivoque. Et ceux qui refusent de le croire pratiquent tout simplement la politique de l’autruche", a déclaré John Kerry, pour qui "le
coût des inondations, le coût de la sécheresse, le coût de la famine,
le coût des soins de santé, le coût de la lutte contre ce défi sont
nettement inférieurs (…) à ceux de l’inaction."
Le secrétaire d’État
a cité certaines catastrophes naturelles récentes – inondations et
typhons – qui ont frappé l’Asie de l’Est et le Pacifique et dont les
répercussions se sont fait sentir sur le commerce, l’agriculture, la
pêche et la vie quotidienne. Les scientifiques spécialistes de
l’environnement ont tiré la sonnette d’alarme, notant que le changement
climatique entraîne un cortège de conséquences extrêmes, dont des
périodes de sécheresse, des incendies de forêt, la montée du niveau des
mers, la fonte de la glace polaire et l’extinction de certaines espèces
animales. Les études scientifiques menées depuis plus de 75 ans sont
formelles : les émissions de gaz carbonique et d’autres gaz à effet de
serre piègent la chaleur du soleil dans l’atmosphère, ce qui modifie le
climat. Les sources d’énergie sur lesquelles les pays comptent depuis
des dizaines et des dizaines d’années pour alimenter leurs voitures en
carburant et chauffer leurs logements – comme le pétrole et le charbon –
sont en grande partie responsables de la production de ces gaz à effet
de serre, a dit John Kerry. Qui plus est, a-t-il ajouté, les émissions
liées au déboisement et à l’agriculture contribuent pour une bonne part à
la pollution par le carbone. "Si nous continuons d’avancer sur la
même voie qu’aujourd’hui, le monde tel que nous le connaissons changera –
et il changera de façon spectaculaire et pour le pire"
, a-t-il averti.

Ceci
dit, le secrétaire d’État a souligné que la communauté mondiale avait
encore le temps de réduire considérablement ses émissions de gaz à effet
de serre et d’empêcher les pires conséquences du changement climatique
de se matérialiser. La solution réside dans l’adoption de nouvelles
politiques énergétiques mondiales qui vont privilégier les technologies
et les sources propres et respectueuses de l’environnement, au détriment
des énergies fossiles, a-t-il expliqué. Grâce au plan d’action du
président Obama sur le climat, les États-Unis sont en bonne voie pour
honorer leurs engagements internationaux relatifs à la réduction de
leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, s’est félicité John
Kerry, qui a précisé qu’ils ciblaient les plus grandes sources de
pollution – le secteur des transports et celui de la production
d’électricité –, celles qui représentent plus de 60 % des gaz à effet de
serre délétères. En outre, a rappelé le secrétaire d’État, le président
a mis en place des normes imposant la réduction de moitié de la
consommation des voitures aux États-Unis. Les États-Unis ont également
proposé des règlements imposant la réduction des émissions de carbone
dégagées par les nouvelles centrales, et des règlements du même ordre
sont également prévus pour limiter celles qui proviennent des centrales
déjà en service.

John Kerry a mentionné l’assistance des États-Unis à
leurs partenaires internationaux, dont l’Indonésie, qui bénéfice d’un
programme de la MCC (Millenium Challenge Corporation) doté d’une
enveloppe de 332 millions de dollars, dit "Prospérité verte", et dont le
but est de pallier le déboisement et de soutenir l’innovation dans
l’énergie propre. Par ailleurs, les États-Unis et la Chine ont publié
une déclaration conjointe le 15 février dans laquelle ils s’engagent à
honorer leurs engagements en matière de réduction des gaz à effet de
serre, de réduction des émissions produites par les véhicules et
d’amélioration de l’efficacité énergétique des immeubles, pour ne citer
que ces exemples. En 2013, la Chine et les États-Unis ont lancé le
groupe de travail États-Unis-Chine sur le climat, qui a pour tâche de
formuler des stratégies et des méthodes de réduction des émissions de
gaz à effet de serre dans les secteurs les plus polluants.

Merle David Kellerhals Jr., IIP Digital (Washington) – 18-02-2014